Mise au point
Quelques points sur l’intervention du ministre:
Le rôle de l’autorité publique
1. Notre ministre trouve honteux qu’après 50 ans nous soyons toujours un cinéma mendiant. C’est enfin une bonne nouvelle car comme il le reconnait lui-même, il est le régulateur et le financeur en quelques sorte. Car le Burkina Faso lors de son accession à l’OMC n’a pas libéralisé son secteur audiovisuel et la convention UNESCO (2005) reconnait « le droit souverain des États…d’adopter et de mettre en œuvre les politiques et mesures qu’ils jugent appropriées pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles sur leur territoire ». Nous attendons donc les mesures appropriées de notre ministère de tutelle donc du gouvernement et l’action de notre ministre en faveur de cela.
Quotas à l’écran
2. Notre Ministre dit que Canal Olympia n’a pas d’obligations de programmer notre cinéma. Peut-être que le Ministre a voulu dire qu’il n’y a pas de nos jours, d’obligation légales dans le droit positif Burkinabé. Sinon le contraire est inquiétant. En effet les quotas à l’écran admis depuis le GATT de 1947 constituent de nos jours l’un des principaux moyens de défense de l’identité culturelle nationale. Tous les pays qui accordent de l’intérêt à cette notion l’appliquent aussi bien dans la diffusion télévisuelle que dans le cinéma. je ne vois donc pas pourquoi nous ne l’imposons pas chez nous.
Satéllite et droits d’auteur
j’avais rempli le questionnaire pour soumettre au ministre une question sur l’origine de la diffusion télévisuelle par satellite. Je voulais savoir si nous ambitionnons traiter la question dans notre législation sur le droit d’auteur. En effet dans la diffusion satellitaire, les chaînes internationales comme Canal + appliquent le principe du pays d’origine ou d’émission. De ce fait la législation qui régit cette diffusion est alors française et non burkinabé. Il en sera de même pour la désignation du territoire de reversement des droit d’auteur. D’où un énorme manque à gagner pour le BBDA. Je ne sais pas si la question lui a été posée ou pas mais l’inquiétude demeure.
Taxe distributeur TV
Le ministre travaille avec son collègue de la communication pour que la taxe de développement de l’activité audiovisuelle soit reversée pour la RTB et que celle-ci se consacre à la diffusion des œuvres nationales. Reverser la taxe ne devrait même pas poser de débat car c’est sa vraie destination et si le gouvernement fait autrement, c’est un détournement de destination et le peuple aurait pu se plaindre puisque c’est lui qui paie. Par contre la politique de notre ministre en la matière est insuffisante. Nous avons environ 18 chaines de la TNT. L’idéal aurait été de règlementer ce secteur afin que toutes ces chaines contribuent à la création cinématographique et audiovisuelle. On pourrait leur réserver le secteur de la pub puisque la RTB serait alors financée par la taxe.
Aussi, nous pourrions envisager de taxer Canal + pour son activité de distributeur de TV. Au Burkina il y’a environ 250 000 foyers qui ont Canal +, imaginons un prélèvement de 5% sur les 5000 francs cfa, au moins, que paie chaque foyer PAR MOIS (soit 5% de 1 250 000 000 FCFA par mois pour le cinéma Burkinabé).
Conclusion
Pour m’arrêter là, disons à notre ministre que ce que nous attendons de lui c’est la mise en place d’une politique et comme nous le voyons tous, ce n’est pas sorcier, il suffit d’un peu de bon sens et d’écoute .
Nous en avons assez d’écouter les gens bavarder sur les chaines de TV sans rien faire!
NB: ça vient du cœur!
Boubacar Sangaré